Des chevaux pleurent sur les rives du Rubicon. Le meurtre de César est annoncé. Ce prodige le suggère : les larmes coulent en abondance chez les Romains. Elles sont même un adjuvant incontournable du politique, l'arme privilégiée des orateurs et le moyen de se distinguer du vulgaire. Souvent dépeints en guerriers impitoyables, les Romains sont rarement montrés dans leurs moments de fragilité ou d'égarement. Leur mauvaise réputation de rudesse a jusque-là découragé toute enquête générale sur leurs larmes, là où les lamentations des héros grecs ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Dans cette histoire inversée de la force romaine, il faut accepter de ne pas s'y reconnaître, de perdre pied. Le parcours que propose ce livre est ainsi celui d'un paradoxe : saisir l'étrangeté de ces larmes d'hier si semblables aux nôtres, c'est aussi comprendre qu'elles n'ont rien de celles d'aujourd'hui..