On connaît l'importance des vitae sanctorum, des « vies de saints », et des exempla dans l'enseignement de l'Église au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne. Élément central des biographies de saints et porteur à lui seul du sens de l' «exemple», le personnage a monopolisé l'attention des rédacteurs des vitae et des exempla. Pourtant, dans les récits patristiques, on ne trouve que des personae, des masques, qui renvoient à des modèles le plus souvent dénués de toute vraisemblance et qui ne sont que la concrétisation d'une essence, d'une quiddité : le principe de causalité est absent des récits anciens et l'idée que des lois internes puissent régir l'intimité de l'être fait défaut.
Sur ce plan, les personnages des premiers «romans», au XIIe siècle, ne se distinguent guère des personae. À l'instar de celles-ci, ils restent soumis à des impératifs moraux ou sociaux qui excluent pratiquement toute vie intérieure ; au mieux, celle-ci se manifeste par des discours balisés par les lois de la rhétorique qui évacuent toute originalité. Aussi l'activité psychique des personnages s'inscrit-elle dans une ontologie figée qui laisse peu de place à l'invention.
Mais ces fondements littéraires, philosophiques et rhétoriques sur lesquels reposent les presonae et les personnages sont aussi à l'origine d'une vision anthropomorphique du personnage à laquelle il est difficile d'échapper.
On connaît l'importance des vitae sanctorum, des « vies de saints », et des exempla dans l'enseignement de l'Église au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne. Élément central des biographies de saints et porteur à lui seul du sens de l' «exemple», le personnage a monopolisé l'attention des rédacteurs des vitae et des exempla. Pourtant, dans les récits patristiques, on ne trouve que des personae, des masques, qui renvoient à des modèles le plus souvent dénués de toute vraisemblance et qui ne sont que la concrétisation d'une essence, d'une quiddité : le principe de causalité est absent des récits anciens et l'idée que des lois internes puissent régir l'intimité de l'être fait défaut.
Sur ce plan, les personnages des premiers «romans», au XIIe siècle, ne se distinguent guère des personae. À l'instar de celles-ci, ils restent soumis à des impératifs moraux ou sociaux qui excluent pratiquement toute vie intérieure ; au mieux, celle-ci se manifeste par des discours balisés par les lois de la rhétorique qui évacuent toute originalité. Aussi l'activité psychique des personnages s'inscrit-elle dans une ontologie figée qui laisse peu de place à l'invention.
Mais ces fondements littéraires, philosophiques et rhétoriques sur lesquels reposent les presonae et les personnages sont aussi à l'origine d'une vision anthropomorphique du personnage à laquelle il est difficile d'échapper.