Le vendredi 10 mai 1968, le jeune Tobie, maoïste et Juif d'Egypte exilé, zigzague à contre-courant de la foule qui envahit le Quartier latin de Paris, entre les CRS, les barricades et les étudiants révoltés. Etranger à lui-même et aux yeux des autres, il incarne la jeunesse exaspérée et, cette nuit-là, la révolution et son chaos intérieur résonnent dans les voix de Zohar Zohar et de Sett Sal'ha.
« Cette nuit-là, j'ai fait deux rencontres, une personne, bien réelle, que j'ai revue par la suite, et une autre, plus floue, dont j'aurais du mal à parler. Peut-être l'ai-je seulement rêvée celle-là ? Ces rencontres ont été si puissantes, se sont révélées si décisives, qu'elles demeurent inscrites dans ma mémoire comme des balises, posées là pour éclairer mon chemin... ». C'est un vendredi, le 10 mai 1968. Sur sa mobylette, le jeune Tobie, maoïste en déshérence, louvoie entre « CRS SS », barricades et étudiants en colère. Alors que la foule envahit le Quartier latin, il va à contre-courant comme il l'a toujours fait, Juif d'Égypte exilé qui grandit à Gennevilliers. L'exode a brisé sa mère, son père est insaisissable et lui est devenu autre, dans une « absolue étrangeté », celle de « vivre étranger dans un pays étrange, étranger à soi-même ». Reste l'amour pour se rattacher au monde qui va, l'amour à fleur de peau et le désir ardent, dans les bras de femmes initiatrices qui le ramènent à l'épaisseur de l'existence.. Et si c'était en une nuit que se décidait son destin..