Je crois avoir tout prévu. Le lymphome, la mort subite, l'accident de voiture, la chute du quatrième étage, l'étouffement, la noyade, un kidnapping, une maladie orpheline dont tu aurais été la première victime, un cambriolage qui tourne mal, un chien agressif, un cerf-volant coincé dans un fil électrique, un ballon lancé au milieu de la rue. Je nous plonge sciemment dans des situations impossibles, les guerres que je crée dans ma tête sont intentionnelles.Lorsque naît un enfant naît en même temps l'idée monstrueuse, inacceptable, qu'on pourrait le perdre. Une jeune mère joue avec cette idée scandaleuse, la retourne en tous sens entre ses doigts, tel un talisman qui lui garantirait une prise sur la mort. Elle s'en sert comme d'un prisme lui permettant d'examiner avec une impitoyable lucidité chaque aspect de sa vie : femme, mère, écrivaine, compagne, fille. Imaginer la fin de son enfant réaffirme son engagement quotidien envers lui, le perdre est devenu une manière de marcher, sa manière de l'aimer.L'histoire de cette femme qui se bat inlassablement contre les forces les plus sombres, la violence qui l'habite, la peur de transmettre la pulsion d'anéantissement qui lie les générations, la mémoire blessée, Virginie Chaloux-Gendron l'incarne dans une prose incandescente.