« Devant toi, il n'y a plus de temporalité, plus de jour et plus de nuit. Je ne suis que suspendue. Au bip de la machine que l'on entend toutes les deux secondes, à ta poitrine qui se lève et qui descend, aux réflexes de tes jambes et de tes sourcils qui sont de faux espoirs, au fil si mince qui te relie encore à la vie. Je suis suspendue à toi comme tu as été toute ta vie suspendue à mon existence. À présent, l'angoisse a changé de rive, elle est de mon côté et, toi, tu affiches l'indifférence qui était la mienne à tout ce qui pouvait advenir. ». Au milieu de la confusion et des mots qui sont sortis dans le désordre lors de l'appel de son père, elle a compris, et son monde s'est effondré : sa mère est à l'hôpital, dans le coma. Précipitamment, elle quitte tout pour venir à son chevet et, avec une tendresse qu'elle n'a jamais eue, tente de la réanimer. Pour la première fois de sa vie, elle trouve le courage de s'exprimer réellement et d'être elle-même face à cette femme qui l'a tellement aimée qu'elle ne l'a jamais vraiment vue. Ce récit est comme le chant d'amour d'une fille à sa mère, qui conduit dans le labyrinthe du deuil avec une poésie infinie.