Si aujourd’hui l’on croit savoir ce qu’était un philosophe au siècle des Lumières, c’est parce que le triomphe des Encyclopédistes dans l’histoire des idées a éclipsé la diversité de ses définitions courantes au XVIIIe siècle. C’est pourtant grâce à la pluralité qui la caractérisait que la figure du philosophe est devenue alors ce prisme au sein duquel les écrivains des tendances intellectuelles les plus diverses croyaient se reconnaître. Fontenelle, Marivaux et Prévost, bien que n’étant pas Encyclopédistes et appartenant au " clan des Modernes " tant raillé par Voltaire, se croyaient philosophes et furent ainsi désignés par leurs contemporains. Qui plus est, même ceux que l’on nomme aujourd’hui " anti-philosophes ", tel Fréron, pourtant un grand admirateur de Montesquieu, et les journalistes jésuites des Mémoires de Trévoux, se considéraient, avec insistance, comme philosophes et ne s’opposaient qu’à ceux qu’ils appelaient " les prétendus philosophes ". Les compréhensions particulières que ces écrivains se font du mot philosophe, que la polyvalence de l’étymon Sophia permet et délimite à la fois, se rattachent aux idées communes qu’ils partagent avec ceux-là mêmes auxquels ils s’opposent. Cet ouvrage tente de montrer qu’ils méritent tous le titre de philosophe, bien que les historiens des idées n’aient pas pris l’habitude de les tenir pour tels. Nourries de réflexions personnelles, conceptualisées, formulées et approfondies au cours des débats qui ont traversé l’époque, les définitions du philosophe proposées par les auteurs étudiés ici contribuent à notre compréhension globale de cette notion capable de résumer les aspirations divergentes des gens de lettres du siècle des Lumières et d’inspirer l’adhésion quasi unanime de tout un siècle.
Si aujourd’hui l’on croit savoir ce qu’était un philosophe au siècle des Lumières, c’est parce que le triomphe des Encyclopédistes dans l’histoire des idées a éclipsé la diversité de ses définitions courantes au XVIIIe siècle. C’est pourtant grâce à la pluralité qui la caractérisait que la figure du philosophe est devenue alors ce prisme au sein duquel les écrivains des tendances intellectuelles les plus diverses croyaient se reconnaître. Fontenelle, Marivaux et Prévost, bien que n’étant pas Encyclopédistes et appartenant au " clan des Modernes " tant raillé par Voltaire, se croyaient philosophes et furent ainsi désignés par leurs contemporains. Qui plus est, même ceux que l’on nomme aujourd’hui " anti-philosophes ", tel Fréron, pourtant un grand admirateur de Montesquieu, et les journalistes jésuites des Mémoires de Trévoux, se considéraient, avec insistance, comme philosophes et ne s’opposaient qu’à ceux qu’ils appelaient " les prétendus philosophes ". Les compréhensions particulières que ces écrivains se font du mot philosophe, que la polyvalence de l’étymon Sophia permet et délimite à la fois, se rattachent aux idées communes qu’ils partagent avec ceux-là mêmes auxquels ils s’opposent. Cet ouvrage tente de montrer qu’ils méritent tous le titre de philosophe, bien que les historiens des idées n’aient pas pris l’habitude de les tenir pour tels. Nourries de réflexions personnelles, conceptualisées, formulées et approfondies au cours des débats qui ont traversé l’époque, les définitions du philosophe proposées par les auteurs étudiés ici contribuent à notre compréhension globale de cette notion capable de résumer les aspirations divergentes des gens de lettres du siècle des Lumières et d’inspirer l’adhésion quasi unanime de tout un siècle.