«Si l’on dépouille l’entreprise coloniale menée dans les Amériques de son image erronée de “découverte”, il reste une série de rencontres sensorielles – certaines manquées, d’autres moins, beaucoup ayant entraîné de profonds bouleversements et des conséquences désastreuses. La plupart de ces rencontres se caractérisent par de multiples malentendus ou une incapacité ou réticence mutuelle à comprendre la conception du monde de l’autre. Et, parce que ces rencontres ont été rapportées, dans une écrasante majorité, par la voix des conquérants, ces malentendus (mal intentionnés ou non) conservent un pouvoir énorme. Les Amériques sont faites, en un sens, d’une série de collisions.». À travers le prisme des performance studies, Julie Burelle porte son regard sur divers cas d’autoreprésentation autochtone au Québec et analyse la manière dont ceux-ci remettent en question le discours identitaire national des Québécois·es de souche française – à savoir les descendant·es francophones des premiers colons venus d’Europe, qui se considèrent non plus comme des colons, mais comme un peuple lui-même colonisé, et dont le Québec constitue le territoire légitime. Abordant un large éventail de performances, Rencontres en territoires contestés confronte les récits discordants portés, d’une part, par le théâtre d’Alexis Martin et le documentaire L’empreinte, qui présente les Québécois·es de souche française comme un peuple métis, et, d’autre part, par les films d’Yves Sioui Durand, d’Alanis Obomsawin et du projet Wapikoni mobile. Il s’attarde également à une marche de protestation organisée par des militantes innues, à l’art visuel de Nadia Myre ainsi qu’au travail de rapatriement effectué par la compagnie de théâtre Ondinnok. Ces performances ébranlent les définitions établies de la souveraineté et en proposent de nouvelles, rappelant à la province et plus particulièrement aux Québécois·es de souche française qu’il existe d’autres manières d’envisager le futur et de se souvenir du passé..