Plus que deux morts et c'est Noël . « Le lieutenant Marchand devait s'y résoudre : il semblait que le mal qui s'était emparé de Château-du-Loir et des alentours ne craignait pas l'autorité. C'était ainsi qu'on commençait à le nommer, dans les discussions, "le mal". On était incapable de définir plus clairement ces mauvaises ondes qui planaient. Il y avait le cadavre dans la forêt de Bercé, l'écrivain qui s'amusait à planter des énigmes morbides dans ses livres, l'agression de Suzanne et Odette, deux paisibles retraitées, en pleine séance du club de lecture, des gendarmes amochés, et bien sûr l'affront ultime, la disparition des boules rouges du sapin de Noël et de l'âne de la crèche. Et comme si ce n'était pas suffisant, on attendait une vague glaciale pour la fin de journée.. Non, décidément, cette année, à Château-du-Loir et dans les environs, les commerçants avaient beau porter fièrement leurs bonnets de père Noël, la trêve n'avait pas été respectée. L'esprit de Noël avait du plomb dans l'aile et la morne tranquillité qu'appréciaient tant les habitants semblait bien loin. Comme disait le maire, "on ne profite pas assez de son ennui quand on peut." ».