Au milieu du mois de mai, une crise existentielle banale, mais bouleversante, frappe Olive. La jeune ingénieure qui a toujours suivi les yeux fermés un parcours traditionnel se retrouve confinée dans son emploi doré du centre-ville de Montréal. Acculée au mur, elle devra se questionner. Comment se libérer? Elle se laissera porter tout le long du pays, jusqu’à Haida Gwaii, interrogeant son rapport au travail moderne en vivant enfin des aventures dignes de mention, de la rencontre de sugar daddies à l’exploration de ses limites au sein d’une fondation distribuant des rouleaux aux fruits.. Perturbée, elle tenta de reprendre contact avec la réalité en révisant la programmation d’une collègue. Une petite tâche facile. Mais le rose, le bleu et le jaune des lignes de codes se mêlèrent vite pour former du brun. Olive ne voyait plus que du brun. Elle tenta de maintenir sa concentration, puis une horde de courriels s’immiscèrent dans sa boîte de réception. Outlook lui présentait des rectangles d’angoisses encadrés d’objets écrits en gras, n’attendant qu’à être déballés d’un clic pour lui sauter au visage. Elle en ouvrit un, puis un autre, irritée, d’humeur massacrante, avec le sentiment de naviguer parmi des mines antipersonnelles d’échéanciers irréalisables. Elle pensa jeter ses deux écrans d’ordinateur par la fenêtre du vingt-quatrième étage. Imaginer la vitre se fracasser et éclater en mille miettes la calma..