Je me rappelais, certaines fois avec une acuité presque trop vive, cette morosité profonde qui m’avait pris pour ne plus me laisser tranquille, au sortir de l’enfance – cet été d’une insupportable lenteur que j’avais passé à dormir jusqu’à midi, à traîner dans les centres d’achats, la tête vide, à errer dans les rues de ma banlieue jusqu’à ce que mes bras et ma nuque soient couverts de coups de soleil. J’avais l’impression de m’être brusquement réveillé pour m’apercevoir que tout ce qui m’entourait m’était étranger, n’avait rien à m’offrir. Je ressentais en permanence une douleur au ventre, comme un affamé..