À l’origine de cette adaptation pour le théâtre du Journal d’Etty Hillesum, il y a la découverte de ce texte extrêmement riche et stimulant, comme tout ce qui touche à la complexité de l’âme humaine, surtout quand elle doit faire face à des événements historiques exceptionnels. Etty Hillesum a été confrontée à l’innommable supplice d’Auschwitz. Une fois les Pays-Bas écrasés sous la botte allemande, elle n’a rien fait pour fuir et a choisi en toute lucidité de rester solidaire de sa famille et de sa communauté. La frontière entre l’humain et l’inhumain est-elle si fragile qu’il suffise de peu de chose pour que des maux comme le nazisme puissent proliférer à nouveau? Où situer l’origine et l’essence de ce mal radical capable d’infester toute une société? Etty Hillesum a fait l’expérience du développement de ce cancer en cherchant inlassablement les moyens de ne pas se laisser contaminer par la haine ou le ressentiment. Son refus de capituler devant les perversions d’une idéologie mortifère comme le nazisme est transfiguré par une grâce souveraine. C’est ce qui rend uniques la légèreté de son pas, la lumière de son regard, la netteté de son geste. .