Prendre le large, se barrer, ficher le camp, n’est-ce pas ce qu’il faut toujours choisir ? Pour échapper au regard méprisant de nos nouveaux camarades au baccalauréat en arts visuels. Pour aller retrouver cette fille qui est enfin réapparue sur Instagram. Pour éviter de revenir au bureau après un congé de maternité et d’être considérée comme la plus junior à nouveau. La seule chose à faire n’est-elle pas de partir pour Bucarest, ou pour Amarillo, au Texas, ou pour la destination que nous choisirons au hasard sur l’écran en arrivant à l’aéroport ? Pas besoin de dire adieu non plus à cet ami d’enfance qui s’enfonce dans sa solitude forcenée, à ce voisin à la campagne qui semble épier nos moindres gestes, à cette femme dont nous découvrons quinze ans plus tard qu’elle a eu un enfant de nous. Il suffit de couper les liens, de reprendre le chemin de la ville, d’éteindre notre ordinateur.