Je resterai sous l’arbre. De là, je ne vois que le début du ciel et la fin de la route par laquelle je suis arrivée, ce matin ou des milliers d’années auparavant. Une fois mon campement organisé sur l’herbe, je rassemble des morceaux de bois épars et fais un feu. Un nouveau silence s’installe, ponctué par des cris, distants ou proches, des glapissements furtifs. Les animaux se parlent d’un bout à l’autre de la vallée. Le feu s’éteint, je ferme les yeux. Quand je les ouvre, c’est la même noirceur. Je retrace de mémoire la ligne des collines, la courbe de la rivière, le fond de la vallée et la route. Tout est là, déjà photographié, archivé. C’est une terre nouvelle que l’on connaît comme si on y avait vécu toute sa vie..