Une fausse couche. Deux fausses couches. Qu'est-ce qui est faux là-dedans ? Moi, ce cauchemar me paraît bien réel. Deux bébés perdus. Bien trop vrai. L'écran noir de l'échographie, le gynécologue qui dit « ce n'est pas ce que l'on attendait. Le coeur s'est arrêté », l'évacuation du « produit de la fausse couche », la culpabilité... Je m'apprêtais à devenir mère, et c'est un tout autre monde qui s'est ouvert. La douleur physique dans ce qu'elle a de plus brut, l'incompréhension, la solitude... Je ne savais rien de tout ça. Je n'y étais pas préparée. Dans les films, la cause est bien identifiée, il y a trois gouttes de sang par terre, quelques jours au lit et l'héroïne, rétablie, repart vers des jours heureux.. Chez moi, ce qui restait du bébé n'a pas voulu sortir. En plus je me suis pris dans la figure la suspicion culpabilisante des autres. Est-ce que ce ne serait pas un peu ma faute quand même ? Sans oublier les conseils distillés généreusement par tous les experts autodéclarés de la fertilité. Eux savent pourquoi « ça ne marche pas ». Alors oui, j'ai haï profondément toutes celles qui exhibent leur gros ventre moulé dans des robes d'été et tous ceux qui crient leur bonheur un peu trop fort pour mes oreilles de frustrée. Et j'ai tenu un journal pour dire cette colère manifestement inentendable.. Mais je me suis aussi rendu compte qu'on était plein dans mon cas, plein à ne pas vivre une fausse couche type grand écran. J'ai entendu tellement de honte, tellement de souffrances tues que j'ai décidé d'en faire un roman graphique pour retrouver la paix, avec mon corps, avec moi, avec les autres. Quelle est notre part de responsabilité alors à nous qui perdons des bébés ? Dans ce livre, un obstétricien met fin aux fausses croyances..