Comment, du petit animal qu'il est quand il naît, l'être humain devient-il un être capable de suivre des règles ? C'est à ce paradoxe que s'intéresse ce livre. Écartant les tentatives contemporaines de réduire l'être humain à sa biologie aussi bien que celles qui en font une exception au sein du monde animal, Anne Le Goff nous invite à penser l'être humain comme un animal, un animal dont la vie se trouve dans le langage et les normes. Elle mène cette recherche en discussion critique avec l'oeuvre de John McDowell, dont le concept de seconde nature, montre-t-elle, reste entravé par le dualisme qu'il entend dépasser. C'est d'abord en revenant à l'analyse aristotélicienne de la vertu qu'on peut donner sens à l'idée d'animal moral et rationnel. Le tout est de comprendre qu'il n'y a pas là de contradiction, comme les termes contemporains pourraient le laisser supposer. En suivant Wittgenstein et à la lumière de travaux d'éthologie, l'ouvrage s'attache à montrer en quel sens suivre des règles fait partie de notre nature. La vie morale n'est pas l'existence d'un être sorti hors de la nature mais celle d'un animal dont la vie est de part en part traversée par le langage et les normes.