une vie à rebours
On dit volontiers que quiconque se souvient des années 1960 ne les a pas vécues. À 18 ans, David Homel, lui, y était : à la fin de la décennie, on voulut comme bien d'autres le forcer à se battre dans une guerre qui n'était pas la sienne. Alors qu'il fuit la conscription et la perspective funeste d'un aller simple pour le Vietnam, la mort le rattrape en Espagne, où elle l'abandonne au fond d'un ravin. Le corps détruit par l'accident, c'est ironiquement dans un hôpital militaire qu'il sera d'abord (mal) soigné, avant d'être obligé de tout réapprendre en menant cette fois son combat pour la renaissance du corps, l'affirmation de la vie, et la recherche de la beauté dans chaque visage. Dans ce neuvième livre, la plume de David Homel reste toujours aussi alerte, son oeil toujours aussi incisif, mais il s'éloigne du roman pour livrer la chronique intime d'un homme qui, affligé très jeune par la détresse physique associée d'ordinaire au vieil âge, a vécu son existence à rebours.