Obsédé par Alice, qu'il vient de laisser à Queens, un médecin s'exile à Kuujjuaq, son monde à elle. Il y soigne de son mieux des corps dont les profondes cicatrices sont le plus souvent invisibles. Entre deux patients, quand il n'en peut plus de penser à elle, il consomme des femmes sur le web, ou va pêcher. Là, le ventre étendu sur la banquise qui fond, il calme sa faim en mangeant du poisson cru. Et, dans le silence du Nord, il remonte le temps pour essayer de s'expliquer. Il s'invente une histoire, s'inspirant des hommes qui l'ont précédé, depuis Roméo, l'arrière-grand-père, le premier de sa généalogie à avoir tué un homme, sur les rives du Klondike. Que sème-t-on derrière soi dans la fuite ? Le Nord n'est pas que blanche immensité et splendeurs boréales ; celui que propose Marc Séguin témoigne aussi d'une déroute. Mais, justement, c'est peut-être jusqu'au bout de ses échecs qu'on devrait avoir l'humilité d'aller pour se trouver.