Une vieille relation d'amour-haine lie les Québécois et l'anglais. Dans cet essai provocant, le réputé politologue Christian Dufour critique chez un nombre croissant de francophones, y compris des souverainistes et des jeunes, une telle valorisation de l'anglais et du bilinguisme qu'on en vient dans les faits à remettre en cause le principe crucial de la claire prédominance du français au Québec. « Ce sont moins les immigrants ou les anglophones qui poseront problème dans l'avenir qu'une partie des francophones eux-mêmes, tentés d'abdiquer l'essentiel sous le couvert d'ouverture au monde et de supposé réalisme », affirme-t-il. Dans ce contexte, l'anglais n'est plus synonyme de volonté de réussite ou d'excellence, mais d'abdication identitaire et de médiocrité, faisant en sorte que les unilingues français deviendront des citoyens de seconde zone. Le jour où tous les Québécois seront bilingues par principe et indépendamment des besoins, quelle motivation auront les anglophones et les immigrants pour apprendre le français? Quelle dévalorisation en découlera-t-il pour le français? Quel rétrécissement du marché en résultera-t-il pour les produits culturels francophones, les émissions de télé et de radio, les livres, les films, les disques? Toutes les cultures comportent un bassin d'unilingues qui font vivre leur langue. L'idée n'est pas de partir en guerre de façon ringarde contre cette langue québécoise et internationale qu'est l'anglais, mais de rappeler les conditions d'une relation réaliste et féconde avec elle, dans un contexte où l'anglais prend davantage de place. Le problème du Québec n'est pas que ses citoyens ne sont pas bilingues - ils le sont déjà beaucoup -, mais qu'ils sont prisonniers d'une dynamique d'échec, tentés par la médiocrité et l'abdication.
Une vieille relation d'amour-haine lie les Québécois et l'anglais. Dans cet essai provocant, le réputé politologue Christian Dufour critique chez un nombre croissant de francophones, y compris des souverainistes et des jeunes, une telle valorisation de l'anglais et du bilinguisme qu'on en vient dans les faits à remettre en cause le principe crucial de la claire prédominance du français au Québec. « Ce sont moins les immigrants ou les anglophones qui poseront problème dans l'avenir qu'une partie des francophones eux-mêmes, tentés d'abdiquer l'essentiel sous le couvert d'ouverture au monde et de supposé réalisme », affirme-t-il. Dans ce contexte, l'anglais n'est plus synonyme de volonté de réussite ou d'excellence, mais d'abdication identitaire et de médiocrité, faisant en sorte que les unilingues français deviendront des citoyens de seconde zone. Le jour où tous les Québécois seront bilingues par principe et indépendamment des besoins, quelle motivation auront les anglophones et les immigrants pour apprendre le français? Quelle dévalorisation en découlera-t-il pour le français? Quel rétrécissement du marché en résultera-t-il pour les produits culturels francophones, les émissions de télé et de radio, les livres, les films, les disques? Toutes les cultures comportent un bassin d'unilingues qui font vivre leur langue. L'idée n'est pas de partir en guerre de façon ringarde contre cette langue québécoise et internationale qu'est l'anglais, mais de rappeler les conditions d'une relation réaliste et féconde avec elle, dans un contexte où l'anglais prend davantage de place. Le problème du Québec n'est pas que ses citoyens ne sont pas bilingues - ils le sont déjà beaucoup -, mais qu'ils sont prisonniers d'une dynamique d'échec, tentés par la médiocrité et l'abdication.