Recueil de Mai Der Vang, traduit par Marc Charron Prix Walt Whitman 2016 L’après-pays revient sur les traces des Hmong du Laos à travers l’histoire d’une famille de réfugiés. Dans une poésie en résonance avec les chants chamaniques des ancêtres, elle lève le voile sur la guerre secrète que mena les États-Unis de 1964 à 1973 contre le Laos en larguant sur le pays près de 2,5 millions de tonnes de bombes, provoquant dévastation et exil. Point de vue de l’auteure L’après-pays. J’écrivais toutes ces images, toutes ces descriptions de paysages, et tous ces endroits oubliés, ces lieux de désolation, cette terre tombée en ruine. J’explorais l’idée de l’après-pays dans ses multiples visages. L’après-pays du réfugié qui a dû quitter sa terre natale, et ce qui reste de cette terre. L’après-pays de ces terres qui ont vécu la guerre. Et il y a bien sûr l’après-pays de l’esprit. Le corps des réfugiés. Mes parents se sont réfugiés aux États-Unis du Laos au début des années quatre-vingt. Je suis née à Fresno, en Californie. Si mes parents étaient restés un an de plus, je serais née dans les camps de réfugiés. J’ai échappé aux atrocités de la guerre. Je sens vivement cet écart entre leur expérience et la mienne. C’est sans doute pourquoi je pense tellement au corps, parce que mon corps n’a jamais été là. Le chamanisme. Arrivés aux États-Unis, mes parents ont continué à pratiquer le chamanisme, une manière très ancienne de voir le monde, de penser la relation ente le corps et l’esprit. Les Hmong croient que votre esprit voyagera longtemps après la disparition de votre corps, et cherchera toujours à retrouver la terre des ancêtres. C’est ce que j’ai tenté de faire. Comprendre ce voyage que l’esprit entreprend pour retrouver les ancêtres et renaître à nouveau..