Condamnés à vivre à côté de leurs semblables plutôt qu’avec ceux-ci, l’homme et la femme d’aujourd’hui sont enchaînés dans l’instantanéité. Avec cet essai à la plume acérée, Gérard Ouimet explique les grands courants de la pensée humaine moderne et dissèque l’évolution psychique de l’être humain de la fin du XIXe siècle à nos jours. L’auteur retrace ainsi le parcours de l’Homo sapiens à l’Homo hierarchicus, en passant par l’Homo æqualis, tout en dévoilant la toute dernière version désincarnée de l’espèce humaine : l’Homo limbus. C’est aux premières loges que cet enseignant puise ces observations alors que les cohortes estudiantines actuelles sont à la fois continuellement branchées sur leurs réseaux et déconnectées d’un monde sans pixel. Après l’affranchissement des devoirs collectifs et l’affirmation des droits individuels, le monde de l’intériorité a été remplacé par celui de la jouissance : l’état pulsionnel insouciant de chaque individu est exposé sans pudeur aucune. Tout en jetant un peu de lumière sur cette République des égarés, l’auteur cherche à administrer un puissant électrochoc, en nous martelant que le cheminement social résulte des choix que chacun fait jour après jour. Il n’en tient qu’à nous de refuser de basculer dans l’ère de l’Homo brutus, alors que nous nous dirigeons avec désinvolture vers notre inéluctable déclin..