Esther Trépanier, spécialiste en histoire de l'art et ancienne directrice de l'Ecole supérieure de mode de l'Université du Québec à Montréal, s'ouvre à la présence de la mode dans trois romans majeurs de la littérature québécoise du xxe siècle : Bonheur d'occasion, roman de Gabrielle Roy, Au milieu, la montagne de Roger Viau et d'Elise Velder de Robert Choquette. Ces trois romans témoignent d'une attention particulière aux vêtements non seulement comme élément identifiant l'appartenance de classe, mais également comme moyen de matérialiser la volonté d'ascension sociale de certains protagonistes. C'est particulièrement le cas des trois héroïne, Florentine Lacasse (Bonheur d'occasion), Jacqueline Malo (Au milieu, la montagne) et Elise Velder , du roman éponyme, qui ont en commun de se lancer à la conquête d'un "prince charmant" pouvant les sortir de la misère. Or, chose assez rare dans l'écriture romanesque québécoise de l'époque, les auteurs insistent sur le recours aux artifices de la beauté -vêtement, maquillage, bijoux- utilisés dans leur quête par ces Cendrillons modernes. D'où l'interrogation proposée par le titre : la mode peut-elle sauver Cendrillon ? Chacun des trois chapitres consacrés aux trois romans se terminent par des encartés richement illustrés qui donne à voir, à travers des tableaux d'époque des scènes urbaines propres à ces trois univers romanesques.