À l'aube, la mort roucoule. On a installé une mangeoire sous la fenêtre pour la voir de plus près. À la tombée de la nuit, le plumage nous cache la vue.
. Tout près d'ici, il y avait un ciel. Au choix : bleu, gris, variable, étoilé, avec ou sans perchoir. Un jour, ils l'ont recouvert d'asphalte. Quand on lève les yeux, c'est pour admirer les sorties de route, les collisions frontales, les piétons fauchés.
. Hier encore, il existait près de dix-huit mille espèces d'oiseaux dans le monde. Depuis, ils se sont envolés pour de bon. Pour me désennuyer, je les classe : diamètre des oeufs, temps de couvaison, envergure des ailes, espérance de vie, date de disparition. J'écris un poème pour chaque espèce disparue. Ce n'est pas moi qui tiens le crayon. C'est lui qui me retient - de tomber, de sombrer dans l'oubli..