Encore trop peu de livres scrutent les liens intimes, les perspectives, les échanges, les conflits propres à des enfants abusés, à qui on a volé pour toujours l’espoir. Encore plus dévastateur est le silence, celui régnant autour de ces passions illicites qui font fi des séquelles ravageuses de leurs mises en actes, toujours dissimulés, voire protégés; celui des enfants lancés à corps perdu dans une course, en apparence sans issues, vers l’oubli. Par ce récit quelque peu autobiographique, mais pas moins impersonnel, Daniel Gagnon-Barbeau essaie de déloger la terreur de dire, d’échapper aux souvenirs et à la terreur de vivre en les consignant, fouillant la mémoire et la parole sous tous les angles possibles. Dans les ténèbres de l’omerta est un texte elliptique bouleversant, une peinture inachevée et inachevable d’un drame indicible tant il est monstrueux, et un vibrant appel à la réhabilitation et la sérénité.