«L’âge venant, j’essaie parfois de calmer les bouffées de gauchisme infantile qui me hantent encore, mais, heureusement, au risque de ressembler à quelque chose comme un rockeur arthritique, je n’y parviens pas toujours. Rarement en tout cas quand il s’agit de la justice. Critiquer l’État et ses institutions, condamner la justice sommaire des dictatures de droite et de gauche, honnir le système carcéral des pays dits “libres et démocratiques”, ce fut au cœur du siècle dernier le passe-temps plus ou moins assidu de toute une génération. Quand on a trempé dans cette sauce, on ne s’en sort pas facilement.» La journaliste Véronique Dassas est une observatrice assidue des temps fous qui sont les nôtres. Rien n’échappe à son regard libre et acéré sur le monde qu’elle aime et châtie bien. Elle explore les chemins qu’emprunte la contestation pour faire bifurquer l’histoire, elle s’intéresse aux migrants arrivés en Italie, rescapés d’une traversée infernale, elle brocarde les cafouillages politiques que la pandémie a révélés, et elle poursuit inlassablement son réquisitoire contre les guerres occidentales. En cours de route, elle témoigne son admiration pour des personnalités qu’elle a fréquentées, dans la vie ou dans les livres: Réjean Ducharme, Marie-Claire Blais, Henri Michaux, John Berger, Primo Levi, la bande à Baader. Véronique Dassas est une essayiste, traductrice et journaliste originaire de Bordeaux. Elle a dirigé le magazine Temps fou de 1993 à 1998. Elle est chroniqueuse à la revue Liberté..