Wendy vit avec son frère Willy dans un hôtel abandonné, niché au pied du mont Brun, à trente-cinq kilomètres de la petite ville de Val Grégoire, dans la Haute-Côte-Nord. Un endroit isolé, tout au bout de la route 385, qu’on surnomme « La Gourmande » en raison des vies d’automobilistes qu’elle réclame régulièrement. On dit des Valgrégois qu’ils sont comme des ouananiches, captifs d’un monde entouré de forêts qu’ils seraient bien incapables de quitter. L’univers de Wendy est tout petit : l’hôtel, la montagne, le télésiège. Le jour de ses trente-cinq ans, une amie d’autrefois, Louise Fowley, débarque à l’improviste et réserve à Wendy une surprise : pour son anniversaire, ils iront, tous les trois, pique-niquer au sommet. Ce retour au mont Brun fait ressurgir en Louise tout un passé, dans les années 1990, quand elle formait un trio inséparable avec Marco, le fils du potentat local, et Laurence, le petit frère de Willy et de Wendy. Leurs rencontres avaient parfois pour théâtre une vieille Plymouth abandonnée au milieu du boisé, lieu de toutes les découvertes, lieu de tous les dangers. Le trio a éclaté avec la fin de l’adolescence. Louise, transplantée de force à Montréal, est devenue une femme flamboyante. Marco a voulu refaire sa vie au Labrador. Tous les deux ont suivi des trajectoires qui ne se croiseront plus jamais, sauf dans le désir d’oublier le souvenir de Laurence, la blessure jamais refermée. Dans une langue poétique et vernaculaire à la fois, Nicolas Delisle-L’Heureux livre un roman choral envoûtant. Sa maîtrise du récit donne l’impression au lecteur de voir tourner un cristal, révélant sans cesse une nouvelle facette et ne se laissant totalement embrasser du regard qu’une fois ses révolutions accomplies. Les Enfants de chienne est un roman d’amitié, de désir et de vengeance.