Rémi a 10 ans lorsque, sous la supervision de son beau-père, il s’égare dans les bois. Seul, affamé, terrifié, il erre dans la forêt durant des jours à la recherche d’une brèche qui le ramènera à la civilisation. La forêt le recrache enfin, blessé, brisé, portant en lui ce que la survie laisse comme traces. Et la forêt ne disparaît pas aussi facilement. Si, derrière un arbre, il y en a un autre, puis un autre, il s’y cache aussi des doutes, des fuites, des quêtes. On fait face aux morsures, à la déshydratation, à l’hypothermie. Mais que sait-on des vraies blessures? Car les cicatrices ne racontent pas tout. À 46 ans, Rémi se sent prêt à confronter cet ex-beau-père alcoolique qui vit tout au fond des bois. Il retourne dans la forêt avec une colère sourde et, dans son sac à dos, une bouteille de whisky. Peut-on, à rebours, réparer le fil du temps? Pardonner aux autres et à soi-même?. Si je pressentais, depuis mon arrivée au petit camp de chasse aux bardeaux de cèdre rouge ou plus encore aux Chutes blondes, la levée des spectres et des ombres de mon enfance, il n’était maintenant plus possible d’ignorer leur présence à mes côtés. Ce monde ployait sous un autre, invisible, sibyllin et, ainsi, ils se rencontraient, se transgressaient et communiaient. L’éther qui en découlait se déposait sur mes épaules, pesait sur ma poitrine, embrun saumâtre comme il en jaillit à la croisée de l’océan et de l’eau douce de la rivière. . La levée est un roman au long souffle qui, d’un mot à l’autre, d’une phrase à l’autre, avance comme des pas dans les bois, sou levant avec eux autant de questions que de certitudes, en une rafale d’émotions mélangées. David Bergeron, auteur d’Ithaques, déploie dans ces pages un lyrisme à la fois sombre et lumineux.