En 2045, une jeune femme se trouve confinée, isolée chez elle, en Amérique du Nord, pendant une énième pandémie. Elle plonge alors dans les archives léguées par sa grand-mère, qui est arrivée d’Haïti au Québec dans les années 1960. Elle mène en parallèle des recherches sur l’accès à l’histoire des communautés Noires, sur la constitution et le statut de leurs archives. Recluse dans un univers qui se virtualise et s’effrite, elle cherche à rétablir les liens avec sa famille, en tentant de retrouver quelque chose qu’elle croit avoir perdu. . Je me demande si je serais plus saine d’esprit, plus sereine, si ma conscience était transférée dans un robot. Sans doute que cette version artificielle de moi résisterait mieux à la vie. Mes fantômes grondent. Elles sont agacées par ma bêtise. Dans les flocons de poussière qui valsent doucement vers le sol, je décide de revenir vers la seule chose qui pourrait me protéger autant qu’un corps synthétique : tous ces papiers, ces boîtes qui recèlent une partie cruciale de moi que j’ai tardé à chercher, mais que j’ai enfin commencé à trouver. . «Les contes initiatiques sont précisément faits de quêtes impossibles : entre d’une part le projet de préserver l’archive et d’y trouver sa propre cohérence, alors qu’elle-même est profondément atteinte par les sédiments de l’histoire transatlantique et de ses avatars, et d’autre part les ressources apparemment illimitées de l’intelligence artificielle, le dispositif technologique apparaît à la fois comme une opportunité et comme une profonde entrave. Il faut donc trouver tous les moyens de ne pas être aveuglée, de ne pas performer dans cette poussière pixélisée la scène prévue de sa propre disparition. La fiction afrofuturiste de l’autrice contient ce danger et ces possibilités.» — Stéphane Martelly, préface .