Chacune des neuf nouvelles que renferme ce recueil met en scène des personnages, hommes ou femmes, qui s'interrogent sur la façon dont l'amour, quel que soit son degré d'ardeur, a transformé leur vie, pour le meilleur ou pour le pire. Alors que la condition de « vieille fille » la guette, une gouvernante sans charme mais dotée d'une forte tête voit son destin basculer à la suite d'un mauvais tour que deux adolescentes lui ont joué. À l'enterrement d'une tante qu'elle avait depuis longtemps perdue de vue, une jeune universitaire qui rêve d'une carrière d'écrivaine apprend une vérité qui l'oblige à retisser tout le récit familial. Quand sa femme est atteinte de la maladie d'Alzheimer et qu'il doit la placer dans un établissement de soins, un homme, qui ne s'est jamais privé d'aucun plaisir, se voit contraint de réévaluer ce que signifient l'attachement et la fidélité. Le souvenir d'un après-midi d'amour passionné avec un inconnu amène une femme à reconnaître que ce moment fugace l'a soutenue et nourrie tout au long de son mariage. On dit souvent qu'Alice Munro a remis le genre de la nouvelle à la mode. En fait, la nouvelle telle que la pratique Alice Munro est un genre particulier, qui lui appartient en propre. D'abord, ses histoires sont en fait des romans en miniature. Ensuite, elles défient la linéarité habituelle de la nouvelle, se permettant des aller-retour dans le temps, dessinant dans toute son ampleur l'arc de vie de chacun des personnages. Enfin, elles ne tendent jamais vers l'épure. Même si les événements qu'elles évoquent nous paraissent ordinaires, familiers, elles n'exaltent pas la vie simple. Au contraire, elles nous font voir tous les abîmes et tous les vertiges qui se cachent dans chaque existence. C'est pourquoi nous, lecteurs, en ressortons avec l'impression que notre propre existence est soudain plus riche, plus digne d'être vécue.