Depuis ses origines en Chine dans un contexte de crise environnementale et de privatisation du système de santé, Angela Mitropoulos suit la propagation du coronavirus SARS-CoV-2 au rythme de l’adoption de mesures contre-productives comme la quarantaine et de choix irresponsables comme l’atteinte d’une bien insaisissable immunité collective. Ce faisant, elle montre comment les explications exotisantes sur l’origine du virus et les restrictions de voyage racialisent la maladie tandis que la réticence à renforcer les capacités des systèmes de santé renvoie la gestion des risques aux ménages privés.. Retraçant la production et la reproduction des frontières à travers l’histoire des théories de population, du contrat social et de l’épidémiologie, mobilisant autant les récits d’origine et de fin du monde que la géopolitique et la finance, Mitropoulos aborde les circuits capitalistes de production de valeur au sein des secteurs pharmaceutique, de l’équipement de protection individuelle ou de l’assurance catastrophe. La situation pandémique et les appels à « rouvrir l’économie » soulignent à gros trait le traitement des populations en tant que « réserves » et annoncent un monde où la définition même de l’économie et des infrastructures est en transformation.. Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’est-ce qui motive les réponses des États ? Quels sont les résultats de ces décisions ? Pandemonium nous rappelle singulièrement que l’éclosion de la pandémie et la façon de la gérer ne sont pas le fruit du hasard : elles sont en gestation depuis des siècles. Angela Mitropoulos offre une solide méthode d’analyse pour saisir les différents mécanismes en jeu et anticiper les déviations à venir..