Sortie de la religion et des politiques publiques dans les années 1960, participation citoyenne dans les années 1970, défaite référendaire et crise économique dans les années 1980 : en l'espace de vingt-cinq ans, le Québec a vécu en accéléré. Il ne se passe pas un événement politique ou social sans qu'on évoque le legs de la Révolution tranquille. Mais quelle place a-t-elle dans notre histoire? Quelle mémoire doit-on en conserver? S'appuyant sur les plus récentes recherches en histoire et en sciences sociales, Martin Pâquet et Stéphane Savard nous offrent un précis de ces années profuses sur le plan collectif tout en nous invitant à réfléchir à notre rapport au temps. Les auteurs situent la Révolution tranquille entre les années 1959 et 1983, entre deux « fins d'époque ». L'année 1959 voit la fin des années Duplessis et l'arrivée au pouvoir, quelques mois plus tard, du Parti libéral. L'année 1983, quant à elle, marque la crise du modèle étatique des années 1960-1970. En effet, la loi 111, dite « loi matraque », fait figure de symbole parmi les forces progressistes : le Parti québécois cède au néolibéralisme. Entre ces deux « fins », le Québec des années 1960 a notamment fondé un ministère de l'Éducation et s'est doté d'instruments économiques pour accompagner une génération d'entrepreneurs. Ces actions de l'État ont contribué à établir une appartenance politique forte en rupture avec la référence canadienne-française. Les années 1970 ont été le théâtre d'une grande créativité culturelle et civique avec des artistes compagnons de route des militants nationalistes. Que ce soit au moment de la crise d'Octobre ou lors de l'arrivée au pouvoir du Parti québécois, les femmes font quant à elles sentir leur présence dans les débats sur les inégalités sociales et la construction du pays. Dans leur traversée, les auteurs prennent soin de replacer les événements propres au Québec dans un cadre plus large et nous permettent par exemple de comprendre comment a été vécue la révolution sexuelle au Québec. Cette Brève histoire de la Révolution tranquille évite la stricte chronologie et donne au lecteur l'occasion d'approfondir sa compréhension d'une période charnière de notre histoire. En prenant comme personnage central de son analyse l'État québécois, elle lie habilement histoire des structures et histoire des représentations collectives