René se sent soudain devenu un vieux monsieur. Il est à la fois conforté et agacé par les soins empressés d’Olga, son infirmière russe, qui ne peut s’empêcher de lui rappeler que, malgré son nom d’homme et ce qu’il voudrait faire croire à tout le monde, il est une femme. René qui veut s’habiller avec élégance, comme au temps où il/elle était pianiste dans les cabarets. Ne se pourrait-il pas que ses maîtresses viennent lui rendre visite ? Autour de lui gravitent Johnie l’écrivaine, Doudouline la musicienne, Polydor la libraire-philosophe, l’Abeille la peintre, Gérard l’amoureuse de plaisirs illicites. Elles sont les unes pour les autres un refuge, un cocon de chaleur à l’abri de l’hiver. Elles font la fête, s’étourdissent. Elles se remémorent les amours passées, les tragédies, les combats, et se montrent prêtes à reprendre la lutte quand l’hydre de la bigoterie et de l’intolérance dresse à nouveau la tête. Marie-Claire Blais reprend ici les personnages qui avaient donné vie à deux importants romans qu’elle signait voilà quelques décennies, Les Nuits de l’Underground (1978) et L’Ange de la solitude (1989). Elle nous fait revivre les grands moments de militantisme pour les droits des gays qui ont marqué le siècle dernier. Elle nous fait surtout renouer avec une galerie de femmes inoubliables dans leur complexe et bouleversante humanité.